Aujourd'hui' je vous propose de vous parler de l'étape d'enregistrement, une des étapes les plus importantes lors de la réalisation d'un projet.
C'est une étape où l'on est souvent en manque de temps et c'est pourquoi il est important de bien planifier à l'avance ses journées de prises.
Étape 1 : Etablir un planning prévisionnel
Avant de se jeter sur les instruments il faut établir un planning, cela doit bien évidemment être fait en collaboration avec l'ingé son qui va enregistrer votre projet.
Beaucoup de groupes me demandent combien de jours de prise ils vont avoir besoin, la réponse va évidemment dépendre du nombre d'instruments a enregistré, du type de prise (prise live ou prise instrument par instrument) et surtout pour finir du niveau du groupe.
Prenons l'exemple d'un trio rock qui enregistre en full live, c'est a dire batterie, basse, guitare et voix lead en live et sans faire de pistes additionnelles, s'ils connaissent bien leurs morceaux ils peuvent facilement enregistrer trois ou même quatre titres en une seule journée.
Prenons maintenant l'exemple d'un groupe de funk composé de nombreux musiciens qui veulent un album très produit avec beaucoup de pistes additionnelles, ils vont commencer par enregistrer ce que l'on appelle la rythmique c'est a dire : batterie, basse, guitare, clavier
Ensuite on va enregistrer les claviers et les guitares additionnels, puis les percussions et les cuivres, et enfin finir par la voix lead et les choeurs.
Autant vous dire que dans ce cas de figure il va bien falloir compter au minimum une journée par morceaux.
Dans le deuxième exemple il sera donc important de faire un bon planning des prises, et il faudra bien prévoir qui enregistre quand et bien calculer qui dispose de combien de temps pour sa propre partie.
Étape 2 : Installation et balance
Deuxième étape, l'installation des instruments et la balance, c'est une étape cruciale puisque c'est vraiment le moment de travailler le son de chaque source et la prise de son, il faut donc bien prendre le temps d'essayer plusieurs micros, plusieurs positions de micro, plusieurs réglages d'ampli, etc ...
Comme le dise souvent les américains : "shit in shit out" ce qu'on pourrait traduire dans notre cas précis par : son mauvais en entrée égal son mauvais en sortie. Ce qu'ils veulent dire par la, c'est que si votre instrument est de mauvaise qualité ou bien mal réglé, l'ingé son aura beau mettre les meilleurs traitements du monde, le son sera toujours mauvais à la sortie. C'est pourquoi il est impératif d'essayer d'obtenir un son qui se rapproche du résultat final dès la prise,
Prenez le temps de bien régler la batterie, beaucoup de batteurs ne savent pas comment accorder une batterie, je vous conseille donc de vous procurer un accordeur de batterie comme le Tune Bot Studio (https://www.woodbrass.com/accessoires-batteries-pieces-detachees-overtone-labs-tune-bot-studio-accordeur-electronique-pour-batterie-acoustique-p303063.html), ce petit appareil va vous permettre de régler chaque tirant a la même tension et surtout d'accorder votre batterie comme vous le souhaitez. L'application qui est fournie avec l'accordeur propose également des réglages de batteurs connus comme par exemple les réglages personnels de l'incroyable Dennis Chambers qui a joué au côté de George Duke !
Pour les guitaristes, penser à ne pas trop corriger votre son d'ampli, par exemple si vous enlevez trop de médium sur l'ampli basse, vous risquez d'avoir du mal à faire ressortir le doigté du bassiste ou moment du mixage, à inverse si vous en avez trop mis, l'ingé son pourra toujours en enlever au mix.
Attention aux pédales, ne branchez que les pédales dont vous avez vraiment besoin, par exemple une distorsion ou une wah-wah mais ne mettez pas de pédales de reverb, la reverb sera ajoutée au mixage.
Essayer d'éliminer les bruits parasites dù à des mauvais câbles jack, et prenez toujours une prise DI avant l'ampli par sécurité, cette prise vous permettra de ré-amper votre prise si jamais vous vous rendez compte que le son de l'ampli ne convient pas au moment du mixage.
Ensuite prenez le temps de faire une bonne balance casque pour que chaque musicien s'entende bien et entende suffisamment les autres.
Dernière chose, enregistrer seulement deux minutes d'un morceau et écouter les prises pour voir s'il y a déjà toute la matière dont vous allez avoir besoin au mixage, et écouter les pistes en solo pour voir s'il n'y a pas trop de repisse entre les instruments, auquel cas il faudra peut-être changer le micro d'emplacement ou isoler certaines sources grâce à des panneaux acoustiques ou à une cabine supplémentaire.
Étape 3 : Les prises
Commencer par enregistrer le morceau que vous connaissez le mieux ou celui qui vous semble le plus simple pour avoir le temps de s'habituer aux lieux et au fait de s'entendre à travers un casque.
Une fois la première prise effectué, même si celle-ci ne vous convient pas, ne vous jetez pas dans une deuxième prise directement mais prenez le temps d'écouter la première prise pour déjà voir les passages du morceau qui pose problème.
Si vous enregistrez avec le métronome prenez le temps de voir si tout le monde est à l'aise avec ce tempo, peut-être qu'il fonctionne bien en live mais pas en studio, auquel cas il faudrait le modifier.
Lorsque vous identifiez un passage plus fragile, prenez cinq minutes pour faire tourner ce passage en boucle avant de faire une autre prise.
Lorsqu'une prise vous satisfait à 80% prenez le temps de voir si l'ingé son ne peut pas éditer les quelques erreurs qui vous dérangent, ou peut-être prendre le passage en question dans une autre prise, au lieu d'en refaire encore d'autres.
Lorsque vous avez fini d'enregistrer "la rythmique" qui est la fondation du morceau, prenez le temps de voir si le morceau tourne bien du début à la fin, parce que des flottements rythmiques pourraient déstabiliser les autres musiciens qui vont enregistrer par la suite et dans ce cas-là, c'est tout le groupe qu'il faudra éditer au lieu de recaler juste la prise rythmique.
Lorsque toutes les prises sont finies il est temps de tout ré écouter et de valider les prises avec l'ingé son.
C'est aussi parfois le moment de faire le tri dans les pistes additionnelles, et de faire un peu d'éditions.
Étape 4 : La mise à plat
Une fois les prises terminées, éditées et validées il est important de faire ce que l'on appelle une mise à plat, c'est a dire l'équilibre du volume entre les instruments.
La mise à plat va donner un ordre d'idées à l'ingé son qui va mixer le morceau, de l'équilibre entre les sources que vous souhaitez pour le mixage final.
Lors de cette mise à plat on peut aussi mettre des panoramiques c'est a dire positionner les instruments dans la stéréo, de nos jours on a tendance a laisse le kick, la snare, la basse et la voix lead au centre, et le reste des instruments sur les côtés, mais libre à vous d'opérer différemment.
Cette mise à plat est pratique pour voir s'il ne manque rien et si le morceau est bien équilibré.
Elle sera également utile pour comparer le morceau mixé et les prises brutes, et ainsi voire si le mixeur est allé dans la bonne direction sans perdre des éléments ou une identité sonore au passage.
Voilà maintenant vous disposer de tous les éléments pour bien réaliser votre session d'enregistrement, n'hésitez pas à réagir à cet article si j'ai oublié des choses ou si vous avez des questions.
Je vous laisse avec le reportage réalisé par Tone Factory dans nos locaux qui dévoile quelques conseils sur la prise de son live.
Bonne semaine à tous !
Laurent
Article suivant : Guide du mixage, premier chapitre.
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