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Guide du mixage, septième chapitre, le traitement bus master.


Bonjour, aujourd'hui nous allons entamer le septième chapitre du guide du mixage, pour ceux qui n'auraient pas lu les précédents chapitres, voici les liens : Premier chapitre, gain staging. Deuxième chapitre, l'égalisation. Troisième chapitre, la compression. Quatrième chapitre, l'eq dynamique. Cinquième chapitre, la réverbération. Sixième chapitre, le delay. Après avoir réalisé toutes ces étapes de mixage vous êtes proche de la finalisation de votre mix, il reste encore deux étapes cruciales pour que votre projet sonne comme un mix professionnel. Chapitre 7 : Le traitement du bus master Nous allons voir ensemble l'intérêt d'appliquer quelques traitements sur le bus master, évidemment il s'agit de traiter le mix de manière vraiment subtil, le but ici n'est pas de faire un mastering mais uniquement d'apporter un peu de liant a notre mix et une couleur générale. Le but est aussi de bien vérifier que notre mix répond aux critères de niveau demandé par l'ingénieur du son en charge du mastering du projet. Si vous savez que votre mix va être masterisé par un professionnel, demandez-lui à quel niveau il souhaite les exports et en quel format. Pour les projets que je mix j'ai pris l'habitude de travailler avec Alexandre Badagée du Red Sync Studio, et il me demande de lui livrer les mixs avec un niveau lufs integrated compris entre -20 et -16 db et un niveau crête de -3 db true peak. Analyse du headroom Personnellement pour mesurer le niveau de mon mix, j'utilise le plugin Izotope Insight, mais vous pouvez très bien utiliser un autre plugin, si vous êtes sur Logic par exemple, le plugin Multimeter qui est fourni avec le logiciel fera très bien l'affaire. Nous allons donc nous intéresser au lufs, c'est une échelle numérique basée sur le ressentit au regard d’une source sonore lors de son écoute. 

Dans le cas du mastering streaming on regarde avec attention le lufs intégré, c'est-à-dire le niveau  de ressenti moyen mesuré sur toute la durée de la piste. Si la notion de lufs ne vous parle pas du tout je vous conseille de regarder cette vidéo explicative :

Depuis 2015, le streaming nous impose une normalisation des niveaux sonores qui a été fixé à -14 lufs et -1 dB True Peak, cela implique donc que nous devons dans l'idéal exporter notre mix avec un niveau compris entre -16 lufs et - 20 lufs integrated et un niveau crête -3 dB true peak, cela dans le but de laisser de la marge de travail au mastering.

Donc sans aucun traitement sur votre bus master, votre mix ne doit jamais dépasser les -3 db true peak, si ce n'est pas le cas il convient de revenir sur votre mixage pour s'approcher le plus possible de ces valeurs. Personnellement j'ai pris l'habitude de mixer avec beaucoup de headroom donc mes mixs sont en général en dessous des -3 db true peak. Dans l'exemple que nous allons voir aujourd'hui, lorsque j'analyse mon mix sans aucun traitement, je vois que j'ai un niveau lufs integrated de -22,3 db et un niveau crête de -6 db true peak, c'est un niveau un peu faible pour envoyer son mix au mastering, et je préfère appliquer quelques traitements sur le bus master avant de l'envoyer pour peaufiner encore mon mix et lui donner un peu de liant, c'est ce que nous allons voir ensemble aujourd'hui.

Étape 1 : Gain d'entrée de ma chaine de bus master

Le premier plugin que je mets sur ma chaine de bus master c'est un plugin de Gain, celui-ci va me permettre de faire en quelque sorte le "gain staging" de mon mix, chaque morceau va avoir un niveau crête un peu différent et le but est d'avoir un niveau crête final de -3 db, le plugin de gain va donc déjà nous aider à linéariser le niveau crête de chaque titre de l'album. Dans mon exemple, j'étais à -6 db true peak, je vais donc ajouter 3 db au mix pour obtenir mes -3 db true peak. Le plugin de gain me permet également de rentrer dans ma chaine de bus master avec le même niveau pour tous les morceaux de l'album, ainsi chaque morceau aura la même dose de traitement, puisque j'utilise la même chaine de bus master.

Après le plugin de gain je suis bien a -3db true peak (ce que l'ingénieur en charge du mastering me demande), je vais maintenant continuer à appliquer des traitements tout en gardant l'oeil sur ce niveau crête. Étape 2 : Calmer les éventuels légères crêtes intempestives Lorsque j'ai mixé ce titre j'ai laissé beaucoup de dynamique au morceau et notamment à la batterie, ce qu'il fait qu'a certains moments, il y a des légères crêtes qui "sortent un peu du mix", je vais donc calmer ces crêtes à l'aide du compresseur de chez Waves le PuigChild 670.

Attention il convient de régler ce compresseur avec précision ! - Déjà je règle le gain d'entrée et le gain de sortie du plugin pour ne pas changer mon niveau. - Ensuite je choisis le mode avec l'attaque la plus rapide (le mode 1 c'est-à-dire 2ms d'attaque). - Ensuite je me mets au moment le plus fort du morceau et je règle mon seuil pour obtenir grand maximum 1 db de réduction de gain. Cela va venir calmer les quelques crêtes intempestives du morceau sans modifier le mix. AVANT

APRES

Comme on peut le voir sur l'image ci-dessous, mon niveau crête n'a pas bougé par contre mon niveau lufs est passé de -20,8 db à -20,1 db ce qui me permet de gagner 0,7 db de niveau.

Étape 3 : Compression douce pour lier L'étape suivante consiste à compresser le mix avec cette fois-ci un temps d'attaque beaucoup plus lent pour éviter de détruire les transitoires et pour lier un peu le mix, pour cela j'utilise le plugin Waves SSL G COMP.

Une fois de plus il convient de régler ce compresseur avec précision. - Déjà je règle le make up gain du plugin à 0db. - Ensuite je choisis le mode avec l'attaque la plus lente c'est-à-dire 30 ms, et le release le plus court c'est-à-dire 100 ms. - Ensuite je me mets au moment le plus fort du morceau et je règle mon seuil pour obtenir maximum 2 db de réduction de gain. - Ensuite je rajoute ce que j'ai perdu en gain grâce au make up gain pour que mon niveau crête soit toujours à -3 db true peak (dans mon cas précis c'était 1,5 db de make up). Cela va venir lier les éléments du mix et lisser les différences de niveau entre les passages forts et les passages calmes. AVANT

APRES

Comme on peut le voir sur l'analyseur, mon niveau crête n'a pas bougé par contre mon niveau lufs est passé de -20,1 db à -19,7 db ce qui me permet de gagner 0,4 db de niveau.

Cela peut paraître ridicule de gagner 0,4 db de niveau, mais au pré-master comme au mastering il vaut mieux utiliser 5 compresseurs qui permettent de gagner 1 db chacun (soit 5 db au total) plutôt que d'utiliser un seul compresseur qui fait gagner à lui seul 5 db. En multipliant les compressions on obtient quelque chose de plus doux, de plus transparent et on évite les effets de pompage. Étape 4 : Donner une couleur Après avoir bien contrôlé la dynamique du titre j'aime apporter une couleur générale au morceau, pour cela j'ai plusieurs méthodes, dans ce cas précis j'ai utilisé le magnifique plugin de chez UAD le magnéto à bandes Ampex ATR 102.

Je tiens à vous mettre en garde sur ce plugin puisqu'il est vraiment subtil à régler et s'il est mal réglé il peut littéralement détruire un mix donc je vous conseille de vraiment le prendre en main avant de le mettre dans votre chaine de bus master. Ce plugin possède des vis d'eq qui sont vraiment sensibles et qui sont donc difficiles à régler. Dans cet exemple précis j'ai réglé le niveau d'entrée du plugin pour venir légèrement saturer la bande ce qui apporte une couleur intéressante et compresse encore un peu le mix. Cela fonctionne pour ce projet puisqu'il s'agit d'un projet de blues rock à l'ancienne, cela ne veut pas dire que ça fonctionne pour tous les projets. Ensuite à l'aide des EQ je suis venu rajouter un peu d'air dans mon mix et calmer un peu l'ensemble du bas qui était un poil trop présent. Une fois de plus il s'agit de quelque chose de subtil, on doit être aux alentours des +1 db d'aigu et -1 db de bas. AVANT

APRES

Comme on peut le voir sur l'analyseur, mon niveau crête n'a pas bougé par contre mon niveau lufs est passé de -19,7 db à -18,5 db ce qui me permet de gagner 1,2 db de niveau.

Étape 5 : EQ du bus master Je finis ensuite ma chaine de bus master avec un EQ de chez UAD, le bien connu Manley Massive Passive.

J'adore la couleur de cet EQ il est très doux, par contre il faut faire attention quand on l'utilise sur le bus master par ce qu'on a vite tendance à faire des réglages extrêmes tellement ça sonne ! Il ne faut pas oublier que le plugin travaille sur tout le mix donc il faut faire des réglages relativement soft. Dans mon exemple précis : - j'ai rajouté un SHELF de 2db à 68 Hz pour gonfler un peu le kick qui a été calmé par le Ampex - j'ai rajouté 4 db de gniac à 1Khz par ce que le mix était un peu creusé dans cette zone-là - j'ai rajouté 2 db de présence à 3khz pour faire ressortir un peu les guitares du mix - j'ai rajouté un SHELF de 4 db à 5 Khz pour rajouter encore un peu d'air au mix Je finis par enlever quelques db au général pour compenser ce que j'ai rajouté et pour ne pas dépasser mes -3 db crête.

AVANT

APRES

Lorsque je règle mes EQ, je vérifie toujours à l'analyseur de spectre que je n'ai pas de gros trou ou de grosse bosses à des endroits quand toutes les pistes jouent.

Étape 6 : Maximizer sur le bus master Après avoir fait tous ces traitements, mon mix est prêt à être exporté pour être envoyé au mastering. Cependant avant de l'exporter je dois passer à la dernière étape du mixage qui est l'étape des automations (que l'on verra dans le prochain article). Pour réaliser cette étape j'ai besoin d'ajouter un Maximizer sur ma chaine de bus master pour écouter mon mix avec le même niveau final qu'aura le master de mon mix. Cela me permet en quelque sorte de me projeter dans l'avenir et d'anticiper des réglages de mixage qui iront avec le niveau final du master. Pour cela j'utilise le plugin de chez iZotope le Ozone 6 Maximizer.

Personnellement j'aime utiliser le mode IRC III avec le caractère en fast qui permet d'éviter de trop détruire les transitoires. Je règle toujours le seuil du plugin de manière à me rapprocher du niveau final sans avoir trop de compression. Dans mon cas précis avec un seuil à -4,8 j'arrive à un lufs integrated de -14,8 lufs et une compression de -0,34 db ce qui est très convenable.

AVANT

APRES

Attention je précise bien que ce plugin me sert à écouter le mix comme s'il était en quelque sorte masterisé, je ne vais pas exporter le mix que j'envoie au mastering avec ce plugin-là par contre je vais exporter le mix que j'envoie a l'artiste avec ce plugin pour qui se fasse une idée de comment va sonner mon mix après le mastering. Il est donc important de bien nommer les fichiers de la manière suivante : J'exporte le mix sans maximizer avec le nom suivant : Nom de l'artiste - Nom du morceaux - Version du mix sans limiteur - Nom du studio Exemple : Michael Jackson - Beat It - Mix v4 sans limiteur - Homely Records Ensuite j'exporte le mix avec maximizer avec le nom suivant : Nom de l'artiste - Nom du morceaux - Version du mix avec limiteur - Nom du studio Exemple : Michael Jackson - Beat It - Mix v4 avec limiteur - Homely Records Voilà c'est fini pour cet article j'espère que cela vous aidera à peaufiner vos mixs. Si vous souhaitez approfondir le sujet je vous conseille cette vidéo de La Machine A Mixer. Bonne journée et bon mix ! Laurent.


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6 Comments


onemanband
Dec 23, 2020

Je suis sur le coup pour le concours de mixage ! C'est un de mes premiers "vrais" mix, je tâtonne un peu mais c'est un plaisir de pouvoir s'exercer sur une belle session comme ça.

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Laurent
Laurent
Dec 19, 2020

Merci pour ce retour, hésite pas à partager les articles du blog ! Et pour mettre en pratique ce que tu a appris avec ce guide tu peux participer au concours de mixage qui se déroule en ce moment.

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onemanband
Dec 19, 2020

Franchement, un énorme bravo et un énorme merci pour ce guide de mixage, une aubaine pour moi et pour beaucoup d'autres j'en suis sûr.

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PlayBackOrchestre
PlayBackOrchestre
Jul 25, 2020

Merci


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Laurent
Laurent
Jul 25, 2020

Sur le Fairchild le release est de 0,3 secondes.

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